Category Archives: EGALITE DES FEMMES

Niger: Les leaders traditionnels de Maradi outillés dans la promotion des droits de la femme et de l’enfant

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Un article par Abdourahamane Salifou del Agence Nigérienne de Presse

Le Gouverneur de la Région de Maradi, le Contrôleur Général de Police Mamane Issoufou a procédé, ce mercredi 20 Août 2025, à l’ouverture de l’atelier d’orientation des leaders traditionnels dans le cadre de l’initiative « Sultanats et Cantons Amis des Enfants », portée par l’Unicef.

Durant cette session de renforcement des capacités des chefs traditionnels, gardiens des valeurs ancestrales, plusieurs thématiques entrant dans le cadre du bien-être des enfants, des femmes et des familles seront développées.

Il s’agit, entre autres, de la vaccination et l’utilisation précoce des services de santé pour les maladies de l’enfant ; l’accouchement assisté par un personnel qualifié ; l’allaitement maternel exclusif et la bonnes nutrition des enfants ; la protection de la jeune fille contre les abus et le mariage précoce ; l’hygiène environnementale et l’assainissement ; la gestion des conflits communautaires par la culture de la paix et la cohésion sociale et l’implication de la jeunesse dans le développement de la communauté.

Dans ses propos préliminaires, le chef de Bureau de Zone Maradi-Zinder de l’Unicef, Dr Cyriaque SOBTAFO a reconnu que le rôle des leaders traditionnels est essentiel et a été toujours déterminant dans la vie des communautés. « Car, a-t-il dit, vous êtes les premiers interlocuteurs des populations, les médiateurs des conflits, les promoteurs de la paix et les relais naturels entre les institutions et citoyens ».

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Questions for this article:

Prospects for progress in women’s equality, what are the short and long term prospects?

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Il a rappelé que l’UNICEF entretient un partenariat historique avec la chefferie au Niger, un partenariat qui a connu beaucoup de succès et a permis l’adhésion des populations aux campagnes précédentes, notamment la lutte contre la poliomyélite, la prévention des mariages précoces, la scolarisation des enfants.

Concernant les thématiques retenues pour cet atelier, le chef de Bureau de Zone Maradi-Zinder de l’Unicef estime que ce ne sont pas de simples sujets de discussion, mais elles sont au cœur de la vie quotidienne des communautés.

Dr Cyriaque SOBTAFO a enfin encouragé les chefs traditionnels à redoubler les efforts car, a-t-il souligné, « votre voix porte, votre exemple inspire ».

Le Gouverneur de la région de Maradi, dans son discours d’ouverture de ces travaux, a indiqué que la principale préoccupation des plus hautes autorités du Niger, au premier rang desquelles SE le Général d’Armée Abdourahamane Tiani, Président de la République, Chef de l’Etat et SE Ali Mahaman Lamine Zeine, Premier Ministre, Ministre de l’Economie et des Finances, est la promotion du développement socio-économique des populations à travers les efforts sur fonds propres de l’Etat et l’appui des partenaires techniques et financiers.

« C’est pourquoi, a-t-il dit à l’endroit des chefs traditionnels, cette rencontre est d’une importance capitale car elle vise à renforcer vos capacités en matière de plaidoyer, de mobilisation et d’engagement des communautés pour contribuer à la valorisation des normes sociales et comportements positifs en faveur des droits de l’enfant dans notre région, gage d’un développement harmonieux équilibré et durable de nos vaillantes populations ».

Il a soutenu que les objectifs assignés à cette rencontre et les foras cantonaux qui seront bientôt animés par les honorables chefs de canton à l’endroit de leurs communautés s’alignent parfaitement avec les orientations de la Politique Nationale de la Refondation et s’inscrivent dans la mission portée collectivement dans la région par les plus hautes autorités.

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Violences faites aux femmes : L’Afrique de l’Ouest à l’heure des choix décisifs

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Un article de Burkina 24

L’adoption en février dernier de la Convention de l’Union Africaine sur l’Élimination de la Violence à l’égard des Femmes et des Filles a été saluée comme une étape majeure pour les droits des femmes sur le continent.

Pourtant, Alliance Droits et Santé, un collectif régional engagé dans la défense des droits humains et de la santé des femmes, alerte : cette avancée risque de rester symbolique sans une mise en œuvre rapide, efficace et financée.

L’organisation interpelle particulièrement les gouvernements du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Niger et du Sénégal (membres de l’alliance)  ainsi que l’ensemble des pays africains, les incitant à traduire cet engagement continental en actions nationales concrètes.

« Chaque jour de retard expose davantage de femmes et de filles à des violences inacceptables. L’heure n’est plus aux promesses, mais à l’action », martèle l’Alliance.

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Pregunta(s) relacionada(s) al artículo

Protecting women and girls against violence, Is progress being made?

What role should men play to stop violence against women?

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Afin d’éviter que la Convention ne reste lettre morte, l’organisation formule trois recommandations stratégiques à l’attention des décideurs politiques et des acteurs de la société civile :

1. Renforcement des cadres juridiques et de la protection des survivantes : Il s’agit d’harmoniser les lois nationales avec les standards régionaux et internationaux, de criminaliser toutes les formes de violences basées sur le genre (VBG), et de garantir un accès simplifié et sécurisé à la justice.

2. Financement pérenne de la lutte contre les VBG : Alliance Droits et Santé appelle à l’allocation de budgets nationaux pluriannuels, à l’implication du secteur privé africain à travers la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), ainsi qu’à la création de fonds dédiés, transparents et rigoureusement suivis.

3. Coordination renforcée et partage de données : La mise en place de mécanismes de coopération inter-acteurs, la digitalisation des données, le renforcement des centres spécialisés et la formation des professionnels de terrain sont essentiels pour assurer une réponse cohérente et efficace.

L’organisation insiste sur la nécessité de construire une réponse collective. Gouvernements, partenaires techniques et financiers, mouvements féministes, société civile et secteur privé doivent travailler main dans la main pour garantir à chaque femme et chaque fille une vie libre, sûre et digne.

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France: Trente ans au service des femmes exilées

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Un article par Geneviève Roy en Breizh Femmes

L’immigration aujourd’hui représente 3,7% de la population mondiale, soit autour de 300 000 personnes dont 48% sont des femmes. En quelques chiffres, Catherine Wihtol de Wenden a introduit son sujet.

La chercheuse du CNRS, politiste et juriste, enseignante à Sciences Po Paris, est venue à Rennes apporter un éclairage sur les migrations à l’occasion des 30 ans de Déclic Femmes.

Un anniversaire que la fondatrice, Fatima Zédira, a voulu célébrer en retraçant l’histoire d’une association directement au service des femmes migrantes, s’attachant à apporter des solutions au plus près des besoins de chacune.

Les femmes sont de plus en plus nombreuses à quitter leur pays et elles le font de plus en plus souvent seules. En Europe, elles sont mêmes plus nombreuses que la moyenne mondiale puisqu’elles représentent 51% des personnes migrantes. Souvent invisibles dans la société, elles occupent des emplois peu valorisés auprès des personnes âgées, en tant qu’aides-soignantes ou encore dans les métiers de la confection.

Pour la chercheuse Catherine Wihtol de Wenden, cette situation n’a rien de nouveau. « La migration, c’est l’histoire du monde !» s’exclame-t-elle, saluant le travail remarquable que l’association Déclic Femmes
 assure depuis trois décennies dans l’accueil de ces femmes migrantes à Rennes. « On est dans un contexte très paradoxal – dit-elle encore – puisque en Europe on a besoin de l’immigration dans nombre de secteurs professionnels et pour faire croître la démographie des différents pays mais qu’en même temps on mène des politiques de plus en plus restrictives pour l’accueil des personnes migrantes ». Etonnament, depuis les années 1990, il n’a jamais été aussi simple de sortir de son pays mais il n’a jamais été aussi difficile d’entrer dans un autre. En France, par exemple, le taux de reconnaissance du statut de réfugiés plafonne à 35% des demandes.

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Prospects for progress in women’s equality, what are the short and long term prospects?

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Une priorité : l’apprentissage du français

La vision globale de la situation des migrant.e.s dans le monde, dressée par l’experte invitée, permet à Fatima Zédira, fondatrice de Déclic Femmes de situer l’histoire de son association dans la société française. C’est en 1995 qu’elle a fait le choix d’apporter son soutien aux femmes exilées autour de « la dignité, l’autonomie familiale, sociale et professionnelle, l’accès à la citoyenneté ». Et c’est en s’appuyant sur une citation de Gisèle Halimi disant que l’indépendance économique des femmes est leur liberté, qu’elle décline trente ans de vie associative largement orientée vers l’emploi et la formation professionnelle.

« L’association a centré son activité sur l’accueil et l’écoute » rappelle Fatima Zédira se souvenant du petit local de 13m2 rue de Picardie dans le quartier de Villejean où les femmes faisaient la queue sur le trottoir. Actuellement, au 7bis rue d’Armagnac, à quelques blocs d’immeubles des débuts, le local est beaucoup plus spacieux et permet de diversifier les activités, d’accueillir plus de femmes mais aussi d’exposer certaines de leurs réalisations. En parallèle, se sont des antennes dans d’autres quartiers – le Blosne et Maurepas – qui se sont créées. Chaque année, Déclic Femmes reçoit entre 300 et 500 femmes et au total c’est plus de 90 nationalités qui se sont croisées à l’association.

« L’apprentissage du français est pour nous la clef pour sortir de l’isolement, retrouver la confiance en soi et s’insérer dans la société d’accueil » explique Fatima Zédira. C’est donc tout naturellement, cet apprentissage qui se trouve au cœur de toutes les activités proposées par l’association. De groupes de parole en cours de langue, il aura fallu beaucoup d’énergie aux bénévoles et salariées de l’association au fil de ans pour trouver le juste équilibre. Des temps de formation aussi pour apprendre à apprendre.

Un processus positif d’intégration dans la société 

L’une des priorités de Déclic Femmes est de proposer des parcours individuels tenant compte de la personne et de son histoire. Pas question, par exemple, de mélanger en cours de français des personnes au passé scolaire pluriel. Il y a celles qui n’ont pratiquement jamais fréquenté l’école, celles qui ont un niveau d’école primaire, parfois secondaire, celles qui ont déjà un niveau universitaire dans leur propre langue. Certaines viennent de pays francophones, d’autres pas. Certaines sont à l’aise à l’oral, pas du tout à l’écrit…Mais aucune n’a « de temps à perdre ». Souvent, elles ont eu des métiers, parfois des responsabilités, dans leurs pays d’origine. Elles ont obtenu des diplômes que la France ne reconnaît pas. Elles ont besoin – et envie – de retrouver une vie active le plus vite possible en France. Fatima Zédira souligne pour toutes une réelle « aspiration à l’émancipation ».

Pour toutes ces femmes, l’association a choisi de co-construire les propositions. Au plus près des besoins immédiats de chacune. Et en relation avec de nombreux partenaires. Mais au-delà de l’efficacité, c’est aussi à une construction citoyenne que l’association s’emploie multipliant les propositions de visites, voyages, participation à des actions militantes, sensibilisation aux droits des femmes, à l’égalité femmes/hommes, à la culture politique, actions culturelles et artistiques.

Difficile de mesurer l’impact du travail accompli en trente ans. Pourtant, quand une femme quitte l’association en maîtrisant le français mais aussi en connaissant mieux la culture et le fonctionnement des institutions du pays d’accueil, Fatima Zédira veut croire que « c’est toute une famille qui est entraînée dans un processus positif d’intégration dans la société ».

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Appel urgent à la paix lancé par les féministes indiennes et pakistanaises

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Un article de Presse Gauche

Nous, féministes de l’Inde et du Pakistan, saluons sans équivoque le cessez-le-feu déclaré par nos deux nations aujourd’hui. La tension et l’escalade des quinze derniers jours nous rappellent à quel point la paix est fragile. Le cessez-le-feu donne également raison aux appels à la désescalade et à la paix lancés par des milliers de personnes ordinaires de part et d’autre de la frontière. Même si nous espérons qu’il s’agit d’une cessation absolue des hostilités, nous nous souvenons des événements récents.

Tiré de Entre les lignes et les mots

Le cessez-le-feu n’est que le premier pas dans la longue marche vers la justice et la paix

Nous condamnons l’attentat terroriste de Pahalgam qui a tué 25 touristes venus de différentes régions de l’Inde et un du Népal pour visiter le Cachemire. Une personne locale a également perdu la vie dans l’attaque de Pahalgam. Ces attaques ciblées ont creusé le fossé communautaire entre musulman·es et hindou·es en Inde et ont été exploitées pour inciter à la haine, à la peur et à la punition collective.

Au lendemain de l’attentat de Pahalgam, ce sont les femmes – y compris les mères, les filles, les sœurs et les épouses – qui portent le poids insupportable du chagrin. Au lieu de le respecter et de le partager, il a été transformé en arme et fait l’objet d’une militarisation ou d’une surveillance policière — surtout quand les personnes refusent de suivre le scénario de la haine.

Himanshi Narwal, la jeune veuve de l’une des victimes tuées, fait partie des survivant·es qui, malgré une douleur inimaginable, ont trouvé la force de lancer un appel à la paix. Elle a demandé aux personnes de ne pas diriger leur rage contre les Cachemiri·es et les musulman·nes qui, comme elle, sont pris·es au piège dans un cycle de violence qu’elles et ils n’ont pas créé. Pour ce simple acte d’humanité, elle a été trollée, vilipendée et attaquée par des nationalistes à l’affut, plus attachés à la soif de sang qu’à la vérité.

Liant l’attaque terroriste au Pakistan, l’Inde a immédiatement suspendu le traité sur les eaux de l’Indus et relancé les projets hydroélectriques et la construction de barrages qui étaient auparavant limités par le traité. Les deux parties ont annulé les visas de courte durée pour les visiteurs et les visiteuses. Nous avons assisté à des scènes déchirantes à la frontière Attari-Wagah, où des femmes indiennes et pakistanaises munies des « mauvais » passeports ont été contraintes de remettre leurs enfants à leurs maris avant de passer dans « leurs pays », ce qui a provoqué une détresse insondable pour les femmes elles-mêmes, leurs enfants et leurs familles. Quatorze jours plus tard, l’Inde a mené des frappes aériennes et le Pakistan a riposté, puis les deux pays ont procédé à des frappes de drones.

Les campagnes de désinformation menées de part et d’autre ont rendu la vérité difficile à établir. Une chose est sûre : la perte de vies humaines, la peur généralisée et l’escalade de la violence s’ajoutent à la terreur possible des suites graves et irréversibles que les tensions entre les deux puissances nucléaires pourraient entraîner pour les populations de l’ensemble de l’Asie du Sud.

En tant que féministes, nous sommes fondamentalement contre la guerre et le militarisme. Nous dénonçons l’économie de guerre qui se nourrit de la violence et de la destruction, ainsi que les structures profondément patriarcales qui l’alimentent et la soutiennent. Le fait que l’opération indienne ait été baptisée Sindoor, un geste profondément patriarcal, est un rappel brutal de la propagande misogyne employée par les deux camps. Entre les êtres cher·es, il existe également de nombreux autres symboles privés et spécifiques, dont le Sindoor, pour certaines femmes, pourrait être l’un d’entre eux. Mais lorsque le Sindoor devient un cri de guerre, il efface et arme la douleur, et réduit les femmes à des corps sur lesquels sont construits les fantasmes nationalistes masculinistes de conquête, de violence et de viol.

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Do women have a special role to play in the peace movement?

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L’année écoulée a été marquée par une flambée de la violence dans le monde, les images dévastatrices de Gaza et d’autres zones de conflit étant devenues quotidiennes, ce qui a tragiquement désensibilisé de nombreuses personnes aux véritables horreurs des conflits armés. Les gouvernements indien et pakistanais et les faiseurs d’opinion ne semblent pas se soucier des conséquences catastrophiques de la guerre et de l’immense dévastation qu’elle causerait. Seuls ceux qui fabriquent et vendent des systèmes d’armes à nos gouvernements tireront profit de la guerre. La guerre renforce, exacerbe et perpétue les inégalités existantes, affectant de manière disproportionnée les femmes, les minorités sexuelles et religieuses ainsi que les enfants. Ces hostilités détournent l’attention de ce dont les personnes ont réellement besoin : l’éducation, la santé, l’emploi, la protection sociale, la sécurité et le bien-être.

Nous, féministes de l’Inde et du Pakistan, sommes fermement convaincues que la guerre n’est jamais une solution. Nous appelons au démantèlement des structures de pouvoir qui entretiennent la violence. La logique de guerre – enracinée dans le nationalisme, la masculinité toxique et les frontières de l’ère coloniale – doit être rejetée. Dans les deux pays, les femmes activistes, les journalistes et les bâtisseurs et les bâtisseuses de paix plaident depuis longtemps en faveur du dialogue, de la désescalade et de la diplomatie. Pourtant, nos voix sont constamment mises de côté et écrasées par la rhétorique incendiaire et le militarisme affirmé qui dominent la sphère publique.


Nous appelons les gouvernements de l’Inde et du Pakistan à :

* Consolider le cessez-le-feu du 10 mai, renoncer aux violations transfrontalières et désamorcer les tensions croissantes en maintenant les canaux de communication ouverts ;


* Lancer conjointement une enquête, avec des représentant·es internationaux, sur l’attentat de Pahalgam afin de traduire les auteurs en justice.


* S’abstenir d’actions unilatérales telles que l’interruption du traité sur les eaux de l’Indus ;


* Donner la priorité au dialogue et à la diplomatie et s’y engager afin de résoudre les différends.

* D’œuvrer à la résolution de la question politique centrale du Cachemire, qui est au cœur du conflit.

Nous demandons instamment aux féministes du monde entier d’élever la voix en signe de solidarité et de se joindre à nous pour résister à la guerre et construire la paix. Il n’y a ni temps ni espace pour la complaisance.

Saheli Women’s Resource Centre, New Delhi, Inde ; Women’s Action Forum (WAF), All Chapters, Pakistan ; Aurat March, Lahore, Pakistan ; All India Democratic Women’s Association, Inde.

Appuis individuels (par ordre alphabétique) : Abha Bhaiyya, Aisha Gazdar, Amar Sindhu, Amrita Chhachi, Anita Pinjani, Anuradha Banerji, Arfana Mallah, Avantika Tewari, Ayesha Kidwai, Beena Sarwar, Chayanika Shah, Devangana Kalita, Elaine Alam, Farrah Taufiq, Farida Shaheed, Gulbadan Javed , Haseen Musarat, Huma Ahmed-Ghosh, Humaira Rahman, Iram Hashmi, Kalyani Menon Sen, Kavita Krishnan, Kausar Khan, Khawar Mumtaz, Lalita Ramdas, Madhu Bhushan, Maimoona Mollah, Malka Khan, Maria Rasheed, Mariam Dhawale, Meera Sanghamitra, Nageen Hyat, Naheed Aziz, Najam Panhwar, Natasha Narwal, Naseem Jalbani, Nasim Jalbani, Nasreen Azhar, Neelam Hussain , Nighat Said Khan, Nivedita Menon, Nuscie Jamil, Nuzhat Shirin, Pamela Philipose, Pratiksha Baxi, Raheema Panhwar, Rashida Dohad, Riffat Aziz, Rita Manchanda, Ritu Menon, Roshmi Goswami, Rozina Junejo, Rukhsana Rashid, Saba Gul Khattak, Safia Noor, Salima Hashmi, Samina Jabbar, Samina Omar Asghar Khan, Shabnam Hashmi, Shad Begum, Sheeba Chhachi, Shahnaz Rouse, Simi Kamal, Smita Gupta, Soonha Abro, Sumaira Ishfaq, Syeda Hamid, Tahira Abdullah, Tasneem Ahmar, Uma Chakravarti, Urvashi Butalia, Uzma Noorani, Vani Subramanian, Vanita Mukherjee.

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Essaouira: Les “Guerrières de la Paix” nominées au Nobel de la Paix 2025

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Un article de Hespress

Espace emblématique de tous les dialogues et de tous les possibles Dar Souiri a donné rendez vous à la Paix le 17 janvier avec la projection en première au Maroc du film « Résister pour la paix ».

Sorti en 2024 ce film “résolument engagé et militant pour redonner ses chances à une paix donnant les mêmes droits aux peuples Israelien et Palestinien” ce film réalisé à l’initiative de Sabrina Azoulay retrace le parcours de Hanna Assouline et de Sonia Terrab fondatrices du collectif “Guerrières de la Paix” lancé à partir du “Forum Mondial des Femmes pour la Paix” réuni à Essaouira le 8 mars 2023.

Donnant la voix et offrant une tribune aux “militants palestiniens et israéliens travaillant main dans la main pour bâtir des ponts et promouvoir une Paix faisant justice aux droits fondamentaux des deux peuples” le film a été projeté à Dar Souiri devant une salle comble à l’écoute de ces témoignages émouvants nourris par des “récits-vérité” incarnation forte de la résilience et de l’engagement déterminé et courageux des fondatrices des Guerrières de la Paix” toutes d’origine marocaine.

À l’issue de la projection, un débat riche de promesses et d’espoirs a permis aux leaders de ce mouvement de partager avec le public leurs motivations et le sens donné à leur démarche, insistant, à cet égard, sur « l’urgence de donner une voix à celles et ceux qui refusent la fatalité des armes pour privilégier l’esprit et la culture d’une paix qui conjugue pour tous l’universalité des droits à la même dignité la même justice et la même liberté ».

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Question for this article:

Do women have a special role to play in the peace movement?

How can a culture of peace be established in the Middle East?

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Hanna Assouline s’est réjouie dans cette perspective de la tenue de cette projection à Essaouira, qu’elle a qualifiée de moment “symbolique”, soulignant qu’elle “s’inscrivait dans un contexte historique coïncidant avec l’accord de cessez-le-feu à Gaza et la nomination des “Guerrières de la Paix” dans la liste prestigieuse des candidats sélectionnés pour le “Prix Nobel de la Paix 2025”.

Cette soirée a rassemblé un large public, composé d’acteurs culturels, de militants associatifs, ainsi que de personnalités marocaines et étrangères issues de divers horizons, témoignant de l’intérêt unanime pour les valeurs de paix et de dialogue mises en avant par cet événement.

Portée par l’Association Essaouira-Mogador, cette initiative s’inscrit dans le cadre des efforts constants de la Cité des Alizés pour promouvoir les valeurs d’ouverture, de tolérance, du rapprochement et de coexistence pacifique qui font son ADN.

Pour rappel, le mouvement français « Les Guerrières de la Paix », fondé en 2022, rassemble des femmes juives et musulmanes engagées en faveur de la paix, de la justice et de l’égalité. En mars 2023, ce collectif a organisé à Essaouira le Forum Mondial des Femmes pour la Paix lançant un Appel universel à la Paix depuis la Cité des Alizés, symbole mondial d’échanges interculturels et de dialogue interreligieux.

Ce forum avait réuni des militantes de renom, telles que Jessica Mwiza (Rwanda), militante de la mémoire, Huda Abu Arquob, présidente de l’Alliance for Middle East Peace (Palestine), et Nurith Hagragh, représentante de Women Wage Peace (Israël). Ensemble, elles avaient uni leurs voix pour transmettre un message universel de paix au monde entier, réaffirmant le rôle crucial des femmes dans les processus de réconciliation et de justice sociale.

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Culture de la paix, les femmes de Côte d’Ivoire s’engage ce 21 décembre : plus de 5.000 femmes attendues au Palais des Sports

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Un article de Abidjan.net

La Paix sera célébrée le samedi 21 décembre 2024, par plus de 5000 femmes, au Palais des sports d’Abidjan-Treichville. Ce, à l’initiative du Caucus des Femmes de Côte d’Ivoire pour la Paix. La députée Mariam Traoré, Présidente du Comité d’Organisation de ce rassemblement l’a annoncé le mardi 10 décembre, lors d’une conférence de presse, à la Maison de la Presse à Abidjan-Plateau.

Elle a expliqué qu’Il s’agit d’un rassemblement des femmes « des institutions de la République, les élues, les femmes de l’administration publique et privée, les femmes opératrices économiques autour de la thématique de la paix », précisant que le meeting se veut une activité apolitique. 

Dans son intervention, Mariam Traoré a insisté sur l’importance de la paix pour les femmes. «Les femmes de Côte d’Ivoire souhaitent que cette paix demeure. Surtout à l’approche des élections à venir, elles veulent totalement jouer leur partition en appelant tous les acteurs de notre société à faire de la défense de la paix une priorité absolue», a-t-elle insisté. 

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Can the women of Africa lead the continent to peace?

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Selon la conférencière, le Caucus va aussi saisir cette occasion pour souligner la grande contribution du Président Alassane Ouattara, dans la prise de décisions adaptées aux besoins de promotion des femmes et des populations en général. «Nous voulons lui dire merci pour la paix et la stabilité retrouvées dans notre pays. Pour marquer ce moment, nous allons lâcher des colombes de paix», a-t-elle souligné.

« Nous, les femmes de Côte d’Ivoire, voulons la paix et nous sommes prêtes à travailler avec toutes les parties pour y parvenir. », a assuré la députée de Tengrela.Dans la même dynamique, Mariam Traoré a insisté sur l’importance de la paix, qu’elle considère comme l’état le plus précieux auquel tous les peuples du monde aspirent. «Depuis quelques années notre pays vit dans la tranquillité et dans la sécurité; toutes choses qui concourent à assurer le développement harmonieux de notre nation et de nos activités », s’est elle rejouie.

La députée a exhorté par ailleurs les Ivoiriens à préserver cette stabilité, en particulier à l’approche des prochaines élections «Nous devons tous œuvrer, chacun à son niveau, pour protéger cette paix que notre pays a mis tant de temps à retrouver. »

 La cérémonie est placée sous le haut patronage d’Adama Tounkara, Médiateur de la République, et sous le parrainage d’Adama Bictogo, Président de l’Assemblée nationale et le co-parrainage d’Henriette Dagri Diabaté.

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Rwanda : l’arme de paix de la masculinité positive

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Un article par Isabelle Grégoire pour L’actualité

Après le génocide de 1994, le Rwanda était composé à 70 % de femmes devenues cheffes de famille. Une situation démographique inédite qui a mené ce pays naguère patriarcal sur la piste de l’égalité entre les sexes. Aujourd’hui, l’État promeut même la masculinité positive.


Grâce aux ateliers BAHO, Théoneste Nyakabaji est passé de père absent pour ses premiers enfants à père engagé auprès de ses deux petites jumelles. On le voit ici avec sa femme, Claudine Umugwaneza (à gauche), et quatre de leurs enfants. (Photo : Isabelle Grégoire pour L’actualité)

C’est quoi, la potion que tu donnes à ton homme ? Je veux la même pour le mien ! » Cette question, Claudine Uwiragiye, 27 ans, agricultrice du district de Musanze, dans les contreforts du parc national des Volcans, dans le nord du Rwanda, se l’est fait poser cent fois. Les voisines et amies de cette femme gracile dans son pagne rouge et jaune étaient convaincues qu’elle avait ensorcelé son mari, tant celui-ci avait changé. Auparavant dominateur, violent et plus assidu au « cabaret » (bar local) qu’à son foyer, Jean-Dedieu Manihiro, 30 ans et lui aussi agriculteur, est devenu en quelques mois un conjoint et un père attentionné. Aussi actif dans l’éducation de leurs deux enfants que dans les tâches ménagères.

« Je peux tout faire, sauf allaiter ! » rigole-t-il en tendant les bras à sa cadette qui nous rejoint dans leur modeste maison en pisé, sise sur l’une des « mille collines » qui ont valu son surnom au Rwanda. En larmes, la bambine de deux ans vient de trébucher dans la cour entourée de plantations de courges, haricots et bananiers. Un câlin, quelques mots doux en kinyarwanda (langue principale du pays) et la petite a déjà oublié son bobo. « Ce n’est plus le même homme », dit Claudine, assise à ses côtés sur l’un des bancs de bois qui meublent la pièce au sol de terre battue et aux murs ornés des photos délavées de leur mariage, en 2017.

« Au début, quand les gars du village me voyaient éplucher des patates ou bercer mon bébé, ils riaient de moi », raconte Jean-Dedieu, polo rayé et pantalon noir dans des bottes de caoutchouc vertes. « Pour eux, je n’étais plus un homme. » Mais peu à peu, ils se sont rendu compte que ce changement avait du bon. Non seulement la famille ne vivait plus dans les coups et les cris, mais elle avait réussi à améliorer ses revenus. « Je ne dépense plus tout l’argent de la récolte en alcool et on gère notre budget à deux. »

Aussi spectaculaire soit-elle, la métamorphose de Jean-Dedieu ne doit rien à la magie. Plutôt que de lui faire boire un élixir, Claudine l’a persuadé de s’inscrire avec elle au programme Bandebereho (« modèle », en kinyarwanda), un « parcours de transformation » de 17 séances hebdomadaires de trois heures chacune, offert aux jeunes parents par le Centre de ressources pour les hommes du Rwanda (RWAMREC). « Sinon, j’aurais fini par le dénoncer à la police. »

Cette ONG, dont le siège se trouve à Kigali, travaille à l’éradication des violences faites aux femmes en faisant la promotion d’une « masculinité positive ». Pour convaincre les plus récalcitrants, ses animateurs masculins — issus des communautés visées — visitent à plusieurs reprises les foyers en conflit, dont la liste leur est fournie par les autorités locales. Les « modèles » comme Jean-Dedieu sont invités à les soutenir en devenant des « agents de changement » dans leur village.

Selon le rapport 2020 de l’Institut national de la statistique, 46 % des Rwandaises mariées ont subi des violences conjugales et 60 % estiment que c’est acceptable. La culture du silence demeure de mise en la matière, même si le nombre de cas signalés et examinés a plus que doublé en cinq ans, pour dépasser les 14 500 dossiers en 2021-2022.

« Impossible de modifier les normes sociales et d’atteindre l’égalité des genres si les hommes ne sont pas impliqués », dit Fidèle Rutayisire, 48 ans, directeur général du RWAMREC, qu’il a fondé en 2006. Cet avocat de formation, féministe convaincu, a lui-même grandi dans un foyer violent. « C’est plus facile pour les hommes d’être changés par leurs pairs que par des femmes », affirme-t-il. Objectif : en finir avec les mythes liés à la virilité — par exemple que seules les femmes peuvent s’occuper des enfants, ou qu’il est acceptable de battre son épouse si elle brûle le repas. Mais aussi permettre aux femmes de s’émanciper avec un emploi rémunéré.

Quelque 50 000 hommes sont touchés chaque année par le Centre de ressources par l’entremise de ses différents programmes (dont Bandebereho), déployés un peu partout dans ce pays de 14 millions d’habitants. « Une goutte d’eau par rapport aux besoins, mais un travail essentiel : trop de foyers sont encore minés par la violence », observe Fidèle Rutayisire, visage rond et regard doux derrière des lunettes. Une violence notamment héritée du génocide qui a déchiré le Rwanda en 1994. En 100 jours, un million de Tutsis ont été exterminés, le plus souvent à la machette, par la majorité hutue. De 250 000 à 500 000 femmes ont été violées, dont un grand nombre se sont retrouvées enceintes (de 10 000 à 25 000 « enfants de la haine » seraient nés de ces viols). Même si 65 % de la population a aujourd’hui moins de 30 ans et n’a pas vécu ces horreurs, les traumatismes demeurent, tant chez les enfants des génocidaires que chez ceux des rescapés.

À la fin du génocide, le Rwanda était composé à 70 % de femmes devenues cheffes de famille (veuves, épouses de génocidaires en prison ou en exil, orphelines). Celles-ci ont donc joué un rôle majeur dans la réconciliation et la reconstruction du pays. La Constitution interdisant toute forme de discrimination, il n’y a plus de privilèges liés aux ethnies (Tutsis, Hutus, Twas), aux religions (chrétiens, musulmans) ou aux régions… tout le monde est rwandais. En 30 ans, d’immenses progrès ont été accomplis (éducation, santé, sécurité, propreté…). Et ce petit pays verdoyant de la région des Grands Lacs, enclavé entre la République démocratique du Congo (RDC), la Tanzanie, l’Ouganda et le Burundi, est le seul au monde à avoir une majorité de femmes au Parlement (61 % des députés).

« Dans notre société postconflit, la seule option était de rassembler les citoyens sur un pied d’égalité », dit Liberata Gahongayire, présidente de Pro-Femmes / Twese Hamwe (« tous ensemble », en kinyarwanda), un collectif impliqué dans le processus dès 1994 (mobilisation des femmes, révision des lois). Mais il a fallu mettre les bouchées doubles. « En plus des divisions ethniques qui avaient déchiré les familles et la société, la tradition patriarcale reléguait les femmes au second plan », poursuit cette historienne, chercheuse au Centre de gestion des conflits de l’Université du Rwanda et à l’Université libre de Bruxelles. « Beaucoup étaient illettrées et n’avaient jamais travaillé ailleurs que dans les champs. » Au fil des ans, des lois garantissant leurs droits ont été adoptées — accès à l’éducation, congé de maternité, avortement (limité aux cas critiques), criminalisation de la violence conjugale, droit à la contraception (à partir de 18 ans), à l’héritage…

Aux côtés de la pionnière RWAMREC, de nombreuses organisations misent sur la masculinité positive. Comme le collectif Pro-Femmes, qui l’inclut dans ses « parcours de transformation visant l’égalité hommes-femmes » destinés aux femmes et aux couples. « La masculinité positive a une double finalité : réduire les violences basées sur le genre et améliorer la situation socioéconomique des familles, et donc de la nation », dit Liberata Gahongayire.

Autre actrice majeure : l’ONG d’origine britannique Aegis Trust, conceptrice et gestionnaire (au nom du gouvernement rwandais) du Mémorial du génocide, perché sur une colline de la capitale, où reposent les restes de 250 000 victimes du génocide contre les Tutsis. Aegis Trust offre des programmes d’éducation à la paix visant un public varié (décideurs politiques, enseignants, jeunes…) qu’elle sensibilise notamment à la masculinité positive.

« Encore loin d’être acquise, l’égalité des genres est un obstacle à notre travail en faveur d’une paix durable dans notre pays », dit la responsable de la planification, du suivi et de l’évaluation, Diane Gasana, rencontrée au Mémorial, où l’ONG a ses bureaux. « Nos formations ouvrent le dialogue en milieu scolaire, au travail et dans la sphère religieuse, et montrent l’apport indispensable des hommes dans la promotion de l’égalité des genres. »

L’État rwandais favorise et accompagne le mouvement. L’implication des hommes dans cette promotion de l’égalité est d’ailleurs l’une des priorités de la nouvelle politique du genre, lancée en 2021 par le ministère du Genre et de la Promotion de la famille. Le ministère de la Santé s’est quant à lui engagé dans le déploiement à plus grande échelle du programme Bandebereho, soutenu notamment par le Centre de recherches pour le développement international (CRDI), à Ottawa.

Le concept de la masculinité positive se propage aussi ailleurs en Afrique. Après la RDC et le Sénégal, l’Afrique du Sud a accueilli en 2023 la troisième Conférence des hommes de l’Union africaine (UA) sur la masculinité positive pour éliminer la violence à l’égard des femmes et des filles. L’UA encourage les sociétés civiles, les chefs religieux et les acteurs économiques à collaborer. Un travail de longue haleine, car partout les résistances sont grandes : les hommes redoutent d’être ridiculisés et de perdre leur pouvoir.

Considéré comme un modèle de développement africain, le Rwanda est dirigé depuis 2000 par le président Paul Kagame, 66 ans, réélu le 15 juillet pour un quatrième mandat. Ancien commandant dans le Front patriotique rwandais, qui a stoppé le génocide en 1994, il est salué pour avoir réconcilié et modernisé le pays. L’agriculture (café, thé, sorgho…) représente toujours 25 % du PIB et 56 % des emplois. Le « pays des mille collines » affiche cependant une croissance économique annuelle de l’ordre de 7 % à 8 %, notamment grâce au tourisme d’affaires et haut de gamme. Aussi propre que sécuritaire, la capitale, Kigali, 1,7 million d’habitants, s’est dotée de grands hôtels et d’un palais des congrès iconique, inspiré d’un ancien palais royal. Les auberges de luxe se sont multipliées aux abords des parcs nationaux comme celui des Volcans — où le permis pour une brève visite aux gorilles des montagnes est facturé 1 500 dollars américains.

Peu de gens critiquent ouvertement Paul Kagame au Rwanda, mais ses détracteurs lui reprochent son autoritarisme — surveillance généralisée, liberté de la presse inexistante, musellement d’opposants… Il vient d’ailleurs d’être reporté au pouvoir avec 99,15 % des voix. Les Rwandais sont aussi soumis à de strictes règles de vie visant à renforcer l’unité nationale. Par exemple, tous les élèves du secteur public, garçons et filles, doivent avoir la tête rasée pour des raisons d’hygiène et d’égalité. Et tous les derniers samedis du mois, les citoyens sont tenus de participer à l’umuganda (travaux communautaires), sous peine d’amende.

N’empêche que les inégalités subsistent. Deuxième pays d’Afrique pour la densité de la population (après l’île Maurice), le Rwanda se situe au 161e rang (sur 193) au classement de l’indice de développement humain de l’ONU, qui mesure la santé, l’éducation et le niveau de vie pour déterminer le degré de « développement ». Et en dépit de la majorité de femmes au Parlement, le patriarcat demeure vivace. Les garçons grandissent toujours dans l’idée qu’ils sont supérieurs aux filles et les violences sexistes perdurent.

« La femme est le cœur du foyer, l’homme est le maître de la famille », selon un dicton rwandais. Les rôles de chacun sont toujours bien ancrés, surtout en milieu rural, où vit 83 % de la population. Soumises et effacées, les abagore (femmes) travaillent aux champs avec leur bébé attaché sur le dos, marchent des kilomètres pour puiser de l’eau et accomplissent l’essentiel des tâches non rémunérées. Les abagabo (hommes) sont les pourvoyeurs, ils prennent toutes les décisions pour la famille, estiment que la sexualité leur est due et jouissent de leur temps libre à leur guise.

Ces différences sautent aux yeux durant les ateliers du programme Bandebereho. Le jour de ma visite, une trentaine d’hommes et de femmes sont assis en cercle dans une salle du centre de santé de Gitare, dans la province du Nord. La plupart sont venus à pied par une piste de latérite rouge avec, en arrière-plan, les sommets bleutés des volcans marquant la frontière avec l’Ouganda. Après les danses, chants et slogans motivateurs qui précèdent chaque séance, cinq hommes volontaires se retirent pendant que l’animatrice installe le matériel d’un jeu de rôle sur les tâches domestiques : poupée en tissu, bassine de lessive, balai, chaudron et bidon d’eau.

De retour dans la salle, chacun doit mimer une tâche — bercer le bébé, balayer la cour, préparer le souper… — avant de quitter la scène en abandonnant sa responsabilité aux hommes qui restent. Au final, un seul se retrouve à tout faire, ne sachant plus où donner de la tête. « Et il n’a même pas de vaisselle à laver ! » s’écrie une participante, soulevant l’hilarité générale. « C’était super-stressant ! reconnaît le volontaire, visiblement déboussolé. Je me suis rendu compte d’un coup de tout ce que mon épouse fait à la maison : elle ne se repose jamais ! »

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Protecting women and girls against violence, Is progress being made?

What role should men play to stop violence against women?

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En plus des jeux de rôle et des devoirs à la maison, les participants aux séances Bandebereho doivent contribuer à des discussions de groupe. Et réfléchir à leur comportement, souvent identique à celui de leur père. « Les hommes apprennent à parler de leur intimité et à se livrer sur leurs émotions, ce qu’ils n’ont pas l’habitude de faire », dit Emmanuel Karamage, un solide quinquagénaire, coordonnateur de l’initiative pour le district de Musanze. « Ensuite, ils communiquent mieux avec leur conjointe à la maison. »

Lors d’une séance à laquelle je participais, ce responsable local a lancé un débat sur le consentement sexuel. « Avant RWAMREC, ça n’existait pas, le consentement : mon mari rentrait soûl du cabaret et se jetait sur moi sans même me dire bonsoir, raconte une trentenaire, mère de quatre enfants. Si je ne me laissais pas faire, il me frappait. » Murmures gênés des hommes dans l’assistance : eux aussi agissaient ainsi, mais jurent avoir changé. « On a même introduit des préliminaires ! » lance l’un d’eux, sourire fendu jusqu’aux oreilles.

Les exercices pratiques s’avèrent aussi révolutionnaires. Comme le portage dorsal d’un poupon, une technique ancestrale transmise de mère en fille. « Nos pères ne faisaient jamais ça et personne ne nous a appris comment s’y prendre », dit Jean-Baptiste Singiranumwe, un éleveur de 31 ans. Papa de deux enfants, il a terminé son parcours de transformation en 2022. Il m’accueille au domicile familial de Kamugeni, dans le Nord — une maison ocre, flanquée d’un poulailler et tapissée d’inscriptions pieuses. Jean-Baptiste ne se fait pas prier pour me montrer comment il installe sa petite dernière, ravie, sur son dos à l’aide d’un pagne, sous le regard attendri de son épouse, Claudine Nyiramunezero. Le geste sûr, maintes fois répété avec la poupée utilisée pendant les cours, il rayonne de fierté. « Je me sens super-connecté à mon enfant. »

Ex-alcoolique brutal, Jean-Baptiste a pourtant fait vivre un enfer à sa femme, qui me confiera plus tard avoir songé à le quitter et même à le tuer. Il a fini par écoper de deux ans de prison, après de violentes bagarres dans le village. À sa sortie, l’animateur local du RWAMREC, un voisin qui le connaissait bien, est venu lui parler de Bandebereho. Comme dans le cas de Jean-Dedieu et des dizaines d’hommes initiés à la masculinité positive que j’ai rencontrés durant ce reportage, sa transformation a été radicale. C’est en tout cas ce qu’ils affirment, avec l’approbation de leurs conjointes, y compris lorsque je m’adresse à elles seule à seule.

Vu de l’extérieur, cela peut sembler inconcevable. Comment des hommes aussi machistes peuvent-ils changer du tout au tout en si peu de temps ? Selon Fidèle Rutayisire, fondateur du RWAMREC, divers facteurs entrent en jeu, dont le style de formation (participatif), la proximité des intervenants et le soutien inconditionnel des leaders locaux.

Une élue municipale et un policier étaient d’ailleurs présents à un atelier BAHO (Building and Strengthening Healthy Households — créer et renforcer des ménages sains), autre programme du RWAMREC, auquel j’ai assisté à Gatsibo, dans la province de l’Est. Tous deux ont pris la parole pour encourager les participants. « RWAMREC nous aide à stabiliser la sécurité de la région, a déclaré le policier, droit dans ses bottes noires. La paix dans les foyers est le premier pilier du développement de notre pays. »

Tout cela n’empêche pas les rechutes. « Ce n’est pas toujours facile d’arrêter la violence : certains participants disent avoir changé, mais intérieurement, ce n’est pas vrai », constate Jean Baptiste Nsengimana, coordonnateur de terrain de RWAMREC dans le Nord. « Quand ils revoient leurs amis, ceux-ci peuvent les inciter à reprendre leurs anciennes habitudes. » La communication non verbale de certains participants durant les séances — bras croisés et mine renfrognée — laisse en effet entendre qu’ils manquent de conviction et sont venus un peu à reculons. « Mais ils sont minoritaires », assure le responsable local.

Pour mieux comprendre l’effet réel des programmes de masculinité positive en Afrique, une vaste étude a été réalisée par le Centre international de recherche sur les femmes (ICRW, pour International Center for Research on Women), établi à Washington, avec l’appui financier du CRDI, à Ottawa. Publiée en 2023, cette étude (« Promouvoir une masculinité positive pour la santé qui favorise la santé sexuelle et reproductive, les droits sexuels et l’égalité des sexes ») couvrait trois pays (RDC, Rwanda et Nigeria) et comparait les attitudes et perceptions des hommes ayant participé ou non à ces programmes (1 500 interviewés).

Première constatation : être sensibilisé à la masculinité positive n’entraîne pas forcément un changement de comportement positif. « Beaucoup d’ONG offrant ces programmes manquent de personnel suffisamment compétent en la matière et de moyens financiers pour assurer l’évaluation et le suivi nécessaires », observe Chimaraoke Izugbara, directeur de la santé globale, de la jeunesse et du développement à l’ICRW. Les programmes examinés étaient de qualité inégale, tant par la durée (d’une simple présentation d’une heure à une formation plus élaborée) que par le contenu. « Ils se concentrent sur l’harmonie dans les couples, mais n’incitent pas toujours les hommes à une autoréflexion critique sur les normes de genre », poursuit le chercheur d’origine nigériane, joint à son bureau à Washington. « De plus, ils sont souvent mis en place sans tenir compte du contexte socioéconomique et culturel du pays. »

Collaboratrice à cette étude au Rwanda, la chercheuse Ilaria Buscaglia a notamment interrogé des participants au programme Bandebereho, qui fait plutôt bonne figure. « Les hommes qui suivent ce parcours évoluent grandement, ils ne justifient aucune forme de violence sexiste, boivent moins et participent davantage aux tâches domestiques », observe cette anthropologue italienne, installée depuis 2013 au Rwanda, où elle a travaillé pour diverses ONG, dont le Centre de ressources pour les hommes. « Mais il faut faire plus pour changer les normes de genre : pour l’instant, les hommes “aident” leurs femmes et se réjouissent de l’amélioration des revenus du ménage, mais ils s’estiment toujours les chefs de famille. »

L’étude du Centre international de recherche sur les femmes de Washington souligne aussi que certains thèmes associés à la masculinité positive ont du mal à percer, y compris chez les répondants ayant suivi ces programmes. Par exemple, la majorité d’entre eux n’ont jamais fait de test de dépistage du VIH/sida. Même rejet concernant la diversité sexuelle. « L’homophobie est toujours très présente et aucun de ces programmes n’en parle », constate Ilaria Buscaglia. Le sujet est tabou (entre autres pour des raisons religieuses) dans les trois pays étudiés, dont le Rwanda, même si l’homosexualité n’est pas pénalisée sur le sol rwandais — contrairement à ce qu’on voit dans de nombreux pays africains. « Le simple fait d’évoquer les droits LGBTQ+ peut faire échouer tous nos efforts sur l’égalité des genres. »

Beaucoup de travail reste donc à faire pour changer les mentalités. Le déploiement à grande échelle du programme Bandebereho, amorcé en 2023, pourrait y contribuer. Jusqu’ici étendu à 30 000 couples, il vise cette fois à atteindre 84 000 familles de la province du Nord d’ici 2027. Réalisée par le ministère de la Santé et le Centre biomédical du Rwanda en partenariat avec le RWAMREC, cette initiative est notamment cofinancée par Affaires mondiales Canada et le CRDI (1,2 million de dollars), et a aussi reçu le soutien de Grands Défis Canada (1 million) et du Fonds mondial pour l’innovation (2,5 millions).

Pour mieux toucher les familles, le ministère de la Santé s’appuie sur le réseau des agents de santé communautaire (ASC), des bénévoles qui pallient la pénurie de personnel médical partout au Rwanda. Quelque 1 600 ASC (sur les 60 000 que compte le pays), formés par le RWAMREC, recrutent les couples et offrent les 17 séances Bandebereho dans leur communauté. Le programme bénéficiera d’un suivi tout au long du processus. À long terme, l’initiative, intégrée au système de santé, pourrait s’étendre aux 30 districts du pays.

Souvent inspirés de l’expérience rwandaise, les programmes de masculinité positive se multiplient en Afrique subsaharienne. Surtout dans les zones urbaines pauvres, où les besoins sont criants. Comme le souligne l’étude de l’ICRW, un nombre croissant d’Africains sont contraints de s’entasser dans des bidonvilles où la violence basée sur le genre, les grossesses non désirées et les pratiques sexuelles à risque explosent. En outre, les années de conflit armé, d’insécurité et de violence — comme au Nigeria et en RDC — ont accru la masculinité toxique et le manque de services en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs.

Le sociologue ivoirien Ghislain Coulibaly, 45 ans, père de trois enfants, compte parmi les plus ardents défenseurs de la masculinité positive sur le continent. Ex-conseiller technique au ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant de la Côte d’Ivoire, et excellent communicateur, il est l’auteur d’une conférence TEDx sur le sujet, diffusée sur YouTube. Ce qui lui a valu moqueries et menaces sur les réseaux sociaux. « Pourquoi tu veux renverser l’ordre social ? »

« Une minorité d’hommes ivoiriens prennent réellement conscience de l’enjeu », affirme le sociologue depuis son domicile d’Abidjan, en Côte d’Ivoire. « Beaucoup croient que je déconstruis leur pouvoir pour le donner aux femmes et que la masculinité positive pervertit les valeurs de la société ivoirienne. » Il est aussi dans le collimateur de certaines femmes, qui estiment qu’il prend trop de place et devrait les laisser mener leur combat.

Rien pour le décourager. « Ces critiques font partie de l’évolution de la société. » En 2019, Ghislain Coulibaly a créé le Réseau des hommes engagés pour l’égalité de genre (RHEEG) en Côte d’Ivoire. Un réseau qui a déjà fait des petits : en RDC en 2022 et au Cameroun cette année. Les RHEEG proposent entre autres des activités de sensibilisation auprès des policiers et des militaires (RDC) et dans les écoles primaires (Côte d’Ivoire). « La masculinité positive, c’est un style de vie, une façon de penser et d’agir qu’il faut transmettre dès la petite enfance, dit Ghislain Coulibaly. Voir papa participer aux tâches ménagères doit devenir une norme. »

À ses yeux, il y a de l’espoir. « Avec l’avènement du numérique et des réseaux sociaux, les jeunes sont beaucoup plus ouverts à d’autres cultures et d’autres manières de faire, dit-il. Les jeunes filles sont aussi de plus en plus scolarisées. » Ce qui devrait rééquilibrer la dynamique des rapports de pouvoir hommes-femmes. « L’éducation est le moteur de cette transformation. »

C’est également le pari de l’ONG féministe rwandaise Paper Crown, qui travaille avec les 14-19 ans. Son programme phare, My Voice, My Power (ma voix, ma puissance, quatre heures d’atelier hebdomadaire, durant 18 semaines), vise à changer les mentalités des jeunes sur les normes de genre. Et à faire de ces derniers des leaders capables d’influencer leurs pairs comme leurs parents.

En ce samedi matin d’avril, une cinquantaine d’ados inscrits s’installent au centre des jeunes de Kayonza, dans la province de l’Est, à deux heures de route de Kigali, où se déroule la formation. Difficile de distinguer les gars des filles : tous portent cheveux ras, amples t-shirts et bermudas de sport. Après une collation composée de beignets offerte par l’ONG, les filles restent dans la salle balayée par la brise tandis que les garçons se dirigent vers un chapiteau planté à quelques mètres, sur un terrain gazonné.

« Avant de mélanger les groupes, on commence par faire comprendre aux filles que des barrières sociales limitent leur développement, mais qu’elles ont des droits », explique Clementine Nyirarukundo, longues tresses, jean et baskets, responsable des programmes et partenariats de l’ONG, qui donne l’atelier aux adolescentes. « Elles peuvent ainsi gagner confiance en elles. » La plupart de celles présentes sont encore intimidées et ont tendance à parler tout bas, le regard baissé. La visite d’une journaliste canadienne n’arrange rien. Mais Clementine les met vite à l’aise. La leçon d’aujourd’hui porte sur une nouvelle méthode de résistance aux agressions (définition des limites, désescalade, tactiques d’autodéfense physique…). Peu à peu, les filles s’enhardissent et font part de leurs expériences en la matière. Clementine insiste sur l’importance de s’affirmer, de lever le menton et de regarder dans les yeux en parlant.

Sous la tente, les gars travaillent aussi sur eux-mêmes. Ils dessinent leur autoportrait et inscrivent sur chaque partie du corps ce qui les a affectés quand ils étaient enfants, leurs peurs, leurs aspirations, leurs bonnes et mauvaises habitudes liées au genre (entrer dans la chambre d’une fille sans sa permission, lui faire une mauvaise réputation, se battre…). « Soyez honnêtes, n’enjolivez rien ! » lance Théophile Zigirumugabe, leur formateur. Jovial et éloquent, il captive leur attention en utilisant leur langage, grossièretés incluses. Les exercices pratiques — destinés aux garçons et aux filles — comprennent aussi l’enfilage de condom sur une banane. Plus tôt ce matin, les protections menstruelles étaient à l’honneur. Sans gêne aucune, un mince ado de 15 ans a présenté une serviette hygiénique à son groupe, l’a dépliée et posée avec soin sur une culotte apportée par les formateurs. « Ça élimine la honte associée aux règles, dit Clementine. Nous voulons montrer que c’est normal et que ça fait partie de la vie. »

De grands cris s’élèvent du côté de l’atelier des filles, à l’autre bout du terrain. « No ! No ! No ! » Les garçons lèvent à peine le nez de leur dessin. Ils savent ce qui se passe. Divisées en deux rangées se faisant face, les filles s’exercent à dire « non ! » à un agresseur en brandissant une main devant elles. « L’objectif est d’utiliser la voix plutôt que la force, dit Clementine Nyirarukundo. Chacune doit comprendre que c’est une arme. » Une arme bien plus puissante que n’importe quelle potion magique.

Isabelle Grégoire s’est rendue au Rwanda à l’invitation du Centre de recherches pour le développement international.

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Coop-médias, la coopérative citoyenne qui veut donner «un vrai souffle» aux médias indépendants

LIBRE CIRCULATION DE L’INFORMATION

Un article par Mathilde Picard dans Vert

Coop un air de fête. Mercredi 9 octobre, le monde de l’Économie sociale et solidaire (ESS) et celui des médias indépendants se sont réunis à l’Académie du climat, à Paris, pour lancer la coopérative Coop-médias. Le but : consolider les finances des Indés et raffermir les liens entre eux face à la concentration de la presse aux mains de quelques milliardaires.


Émission radio en public à l’occasion de la soirée de lancement de la coopérative Coop-médias, à l’Académie du Climat à Paris. © Margot Desmons/Vert

«Coop-médias crée une passerelle entre deux mondes qui ne se parlaient pas : celui de l’Économie sociale et solidaire et celui des médias indépendants», s’enthousiasme auprès de Vert, Mathieu Molard, rédacteur en chef de Streetpress.

Mercredi 9 octobre, le lancement de cette coopérative a fait salle comble à l’Académie du climat, à Paris. La plateforme dédiée au financement des médias indépendants  est maintenant accessible aux citoyen·nes pour qu’ils et elles puissent prendre des parts à partir de 100€. L’objectif ? «Récolter 500 000€ en trois mois», espère Lucie Anizon directrice générale de Coop-médias et secrétaire générale de la coopérative d’énergie renouvelable Enercoop.

Politis, Vert, Blast, Médiacités, Les Jours…. Déjà 22 médias et une dizaine d’entreprises de l’Économie sociale et solidaires (ESS) sont devenus sociétaires. Grâce à cette levée de fonds, de premières aides financières pourront être distribuées courant 2025 sous forme d’appel à projets.

Pour présenter le fonctionnement de la coopérative, journalistes, membres de l’ESS et de la société civile défilent au micro. Toute la soirée, une émission de radio en public, diffusée sur le site du média coopératif Le moment, accueille des tables rondes pour imaginer un nouveau modèle économique pour les médias indépendants.

La directrice générale de Coop-médias, Lucie Anizon, explique à Vert l’origine du projet : «Ça m’étonnait qu’aucun média indépendant ne se soit dit : levons des fonds en capital et mutualisons nos moyens. Ils nous ont dit qu’ils n’avaient pas le temps, l’énergie ou le savoir-faire, donc on l’a fait avec eux en apportant notre savoir-faire de l’ESS.»

«Sortir l’information de la logique de marché»

Dans la salle, tout le monde partage le constat d’un affaiblissement critique de la pluralité des médias. 81% des ventes de presse sont détenues par onze milliardaires, rappelle la vidéo de lancement de la plateforme. Face à cela, Julia Cagé, économiste spécialiste des médias, incite à «faire sortir l’information, qui est un bien public, de la logique de marché et des actionnaires».

À Coop-médias, il n’y a pas d’actionnaires rémunérés, et la gouvernance pour attribuer des financements se déroule selon le modèle un sociétaire = une voix. Résultat : «un vrai souffle» pour ne pas seulement dépendre des appels aux dons et «ne plus être sous assistance respiratoire», lance Paloma Moritz, journaliste chez Blast.

Dans le public, les idées fusent pour renforcer les finances et la visibilité des médias indépendants : discussion autour d’une régie publicitaire de l’ESS, de la présence des Indés sur les chaînes de la TNT ou du rôle des réseaux sociaux dans la diffusion de leurs contenus.

(Cliquez ici pour une version anglaise de cet article.)

Questions related to this article:
 
Free flow of information, How is it important for a culture of peace?

How can we develop the institutional framework for a culture of peace?

Robin Saxod, cofondateur de Coop-médias et Lucie Anizon, directrice générale de Coop-médias . © Mathilde Picard/Vert

Renforcer les liens pour lutter contre l’extrême droite

Ce rapprochement entre médias indépendants provient des rassemblements contre l’extrême droite, organisés les 27 juin et 3 juillet derniers place de la République à Paris, à l’occasion des élections législatives (notre reportage). La coopérative est donc «apartisane mais profondément politique», soutient Robin Saxod, cofondateur de Coop-médias.

Au fil des discours, les intervenant·es encouragent à poursuivre la lutte contre les discours réactionnaires de plus en plus nombreux dans les médias rachetés par les milliardaires Vincent Bolloré ou encore Pierre-Edouard Stérin. Les prises de parole appellent à enrayer la criminalisation des contestations politiques et sociales ou encore à lutter contre la désinformation sur le changement climatique ou le féminisme.

Pour renforcer les moyens des journalistes, Coop-médias propose de mettre en commun certains services tels que la comptabilité, la gestion des sites internets ou encore l’aide juridique… Une idée bienvenue pour Eloïse Lebourg, cofondatrice de Médiacoop, média local basé à Clermont-Ferrand : «quand j’ai été menacée par les groupes fascistes après avoir enquêté sur eux, j’étais bien contente d’avoir quelqu’un qui connaissait un avocat. Lorsqu’on enquête sur l’extrême droite dans une ville moyenne, on est plus facilement repéré, on se sent parfois isolé.»

Pour elle, Coop-médias doit être l’occasion de «sortir du schéma des médias indés très parisiens, il y a des structures indépendantes partout en France, j’aimerais qu’on ait plus de visibilité et qu’on coopère davantage.»

En fin de soirée, les conversations se poursuivent autour du buffet. Yan Pierre le Luyer, cofondateur de Grow Studio, qui produit des podcasts, s’est décidé à prendre une part dans la coopérative pour, explique-t-il, «rééquilibrer les discours dans les médias et donc se doter des mêmes moyens que nos contradicteurs».

L’émission de radio sera diffusée sur les ondes d’Aligre FM (93.1) et Radio Campus Paris (93.9) mercredi prochain.

Vert est devenu sociétaire de Coop-médias pour contribuer à renforcer l’écosystème des médias indépendants.

(NDLR : CPNN a participé à cet événement et est également devenu membre de Coop-médias, pour la même raison.)

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Ces femmes israéliennes et palestiniennes qui ne veulent pas trancher entre Israël et Palestine

. EGALITE HOMMES/FEMMES .

Podcast de Anne-Cécile Mailfert pour Radio France

Avant-hier, Israël célébrait le “jour de Jérusalem”, qui commémore la conquête de la ville après la guerre des Six Jours. Depuis quelques années, cette journée est marquée par des manifestations violentes de colons qui cherchent la confrontation avec les palestiniens dans la vieille ville, lors de ce qu’ils appellent la “marche des drapeaux”.

Une provocation insensée alors que des civils palestiniens continuent de mourir sous les bombes et que les otages israéliens sont toujours retenus. Après la tragédie de Rafah, ils font le choix d’une guerre sans fin.

Face à cette dynamique mortifère, des militants de la paix, souvent des femmes, existent, proposent des récits alternatifs et posent des actes courageux, dont on entend trop peu parler.

Image de video avec Anne-Cécile Mailfert

Par exemple ?

Nava Hefetz, une femme rabbin militante pour la paix et les droits humains, ou Ghadir Hani, une palestinienne israélienne, étaient aussi, toutes deux, à Jérusalem pour organiser des “gardes humanitaires” dans toute la ville et protéger les Palestiniens face aux colons.

(Voir suite sur colonne de droite. . . )

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Question for this article:

Do women have a special role to play in the peace movement?

(. . . suite)

Depuis le 7 octobre, leur mouvement, standing together, le plus grand réunissant Palestiniens et Israéliens pour la paix, la justice et l’égalité, organise des manifestations dans tout le pays pour appeler à un cessez-le-feu et à la libération des otages. Leurs “gardes humanitaires” assurent également le passage des camions d’aide à Gaza, souvent attaqués par les colons. Ils et elles s’opposent à l’occupation et œuvrent pour que les deux peuples puissent vivre en sécurité, en liberté et avec autodétermination.

Ce sont des voix qu’on entend peu ?

Oui, et des femmes qu’on voit peu. Le peu de fois ou l’on parlé des femmes c’est lorsqu’elles sont victimes de viols de guerre (et encore), de bombardements (et encore), ou endeuillées par la perte de leurs enfants (et encore, trop peu). Mais on ne les voit jamais lorsqu’on parle sérieusement de négocier la guerre ou la paix. Or les femmes ne sont pas que des objets d’inquiétude, elles ont aussi des sujets, ont des choses intéressantes à dire et plus fructueuses sans doute que bien des discours virils et belliqueux.

Reem Alhajajra co-fondatrice des Women of the Sun, association palestinienne milite aux côtés de Women Wage Peace côté israélien pour la justice et la Paix, et alerte sur la nécessité d’entendre et faire toute la place aussi à celles qui œuvrent pour la paix.

Des œuvres peuvent aussi figurer l’espoir, sans rien nier de l’histoire. Comme Lina Soualem, dans “Bye Bye Tibériade”, un documentaire magnifique sorti en 2023, qui rend hommage aux 4 générations de femmes de sa famille, et met en valeur les combats quotidiens des femmes palestiniennes, qui depuis des années, doivent dépasser l’impossible pour réaliser leur rêve.

Les femmes existent et on ne pourra pas imaginer la suite sans elles. La paix ne pourra pas se gagner avec les armes. Chacune à leur manière, ces voix de femmes osent tout simplement, et on sait combien c’est difficile, voire un autre présent et imaginer un autre avenir que celui de la guerre.

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Bulletin français 1 avril 2024


. JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA FEMME PARTOUT DANS LE MONDE

Des célébrations et des manifestations ont marqué la Journée internationale de la femme le 8 mars partout dans le monde.

CPNN a diffusé des photos de plusieurs de ces événements.

En Europe, ils venaient d’Albanie, de Belgique, d’Angleterre, de France, d’Allemagne, de Grèce, d’Italie, du Kosovo, de Lettonie, de Malte, du Monténégro, des Pays-Bas, du Portugal, de Roumanie, de Russie, de Serbie, d’Espagne et d’Ukraine.

En Asie et dans le Pacifique, en Afghanistan, en Australie, au Bangladesh, au Cambodge, en Chine, en Inde, en Indonésie, au Japon, au Kazakhstan, au Kirghizistan, en Malaisie, en Corée du Nord, au Pakistan, aux Philippines, en Corée du Sud, en Thaïlande et au Vietnam.

En Afrique et au Moyen-Orient, en Algérie, Azerbaïdjan, Cameroun, Côte d’Ivoire, République démocratique du Congo, Irak, Israël, Kenya, Liban, Mali, Maroc, Palestine, Sénégal, Afrique du Sud, Tunisie, Turquie et Ouganda.

Dans les Amériques, en Argentine, aux Bermudes, en Bolivie, au Brésil, au Canada, au Chili, en Colombie, en Équateur, au Guatemala, au Honduras, au Mexique, au Panama, au Pérou, à Porto Rico, aux Nations Unies, aux États-Unis et au Venezuela.

Dans les pays capitalistes, les événements étaient principalement des protestations et des revendications en faveur des droits des femmes face à la discrimination et à la violence à l’égard des femmes, y compris des poursuites pénales pour avortement. De nombreuses manifestations ont notamment condamné les violences contre les femmes en Palestine et en Israël ces derniers mois.

Dans de nombreux pays socialistes et anciens pays socialistes, les événements étaient plutôt des célébrations que des protestations. Ce fut le cas en Russie, en Chine, au Kirghizistan, en Corée du Nord, au Cambodge et au Vietnam. Cela reflète l’histoire de cette journée, initiée par les organisations socialistes au début du siècle dernier, puis célébrée principalement par le mouvement socialiste et les pays communistes jusqu’à son adoption par les Nations Unies en 1977.

Cette annéé, les Nations Unies ont abordé la célébration de la Journée sous le thème « Investir dans les femmes pour accélérer le progrès ». Elles ont critiqué un « manque alarmant de financement » pour parvenir à l’égalité des sexes : « Les organisations féministes prennent la tête de la lutte contre les inégalités et la pauvreté des femmes. Malheureusement, elles tournent à vide, puisqu’elles ne perçoivent que 0,13 pour cent du total de l’aide publique au développement.”

La Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté, fondée pour s’opposer à la Première Guerre mondiale et qui a décerné le prix Nobel de la paix à deux de ses membres fondateurs, a consacré sa célébration de la journée à la solidarité avec le peuple Palestinien, concluant que « le monde voit Gaza en tant que front mondial contre le régime de l’oppression, du colonialisme et de la tyrannie, ils agissent donc en solidarité avec les habitants de Gaza et pour la justice pour tous, y compris eux-mêmes. »

L’organisation Les Guerrières de la paix a également condamné la violence contre les femmes en Israël et en Palestine, et a ajouté une référence à la violence contre les femmes dans de nombreuses autres régions du monde. Ils ont écrit, “Cette Journée internationale de la femme a une saveur particulière. Nous savons à quel point les guerres et les conflits peuvent détruire les luttes et affaiblir les acquis. Nous, Guerrières de la Paix, sommes convaincus que les femmes, lorsqu’elles s’unissent, forment le bouclier le plus puissant contre la destruction du monde. Nous sommes la résistance. C’est nous qui tenons bon, qui restons debout… Le féminisme est la justice, l’égalité et la dignité pour tous. C’est le refus de l’assignation et de la division. Le féminisme est la paix.”

Comme indiqué dans le blog ce mois-ci, « nous entrons dans une ère de contradictions économiques et politiques qui mèneront à un changement radical. Dans la mesure où les femmes prennent le leadership, nous avons plus de chances que le changement conduise à une culture de paix ».

ÉQUALITÉ HOMMES/FEMMES



Journée internationale des femmes 2024 : ‘Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme’

DROITS DE L’HOMME



South Africa requests ICJ emergency orders to halt “unspeakable” Gazan genocide

DÉVELOPPEMENT DURABLE



Greta Thunberg, 40+ Other Climate Activists Block Entrance to Swedish Parliament

LIBERTÉ DE L’INFORMATION



Peace Wave 2024

  

DISARMAMENT ET SECURITÉ



Kremlin, NATO at odds over pope’s call for Ukraine to show ‘white flag’ and start talks

ÉDUCATION POUR LA PAIX



FIJCA 2024 : Le JAZZ, comme instrument de cohésion sociale en Côte d’ivoire

TOLÉRANCE ET SOLIDARITÉ



Search for Common Ground in Israel and Palestine

PARTICIPATION DÉMOCRATIQUE



France: discours de Jean-Luc Melanchon sur la force d’agir pour la paix